Hezair Letheis

Je me nomme Hezair Letheis…et je suis une sans histoire.

Je viens d’on ne sait trop où, d’on ne sait trop quels parents, ceux-ci ayant tout simplement disparu sans laisser de traces. Le sort a voulu que ma nature me limite dans mes contacts avec les gens. Je les rends mal à l’aise, distant…ainsi, je suis véritablement seule dans mon monde. Sans amis, famille ou avenir, je n’ai eu que moi sur qui compter, et le cadre dans lequel on m’a élevé. J’ai fait ma place et j’ai écrit mon propre récit.

Je suis issue de la Schola Progenium, j’ai donc grandi dans la rigueur et la discipline absolue. Depuis longtemps je subis un enseignement exigeant. Certains le qualifieraient de difficile, voire douloureux, mais ces qualificatifs ne sont que des illusions, des tromperies et des faiblesses de l’esprit. Il y a longtemps que mon mental a triomphé de mon corps. Même si mon entrainement physique vient compléter ma formation, ce sont mes aptitudes cérébrales qui constituent ma force. N’ayant que la voix de la Schola Progenium à suivre, je me jette corps et âme dans tout ce que j’y fais. Je possède une mémoire phénoménale et une capacité d’absorption de l’information de divers sujets sans faille. Il n’y a pas de limites à tout ce que je peux apprendre. Je fus d’ailleurs énormément déçue, le jour ou je voulu me faire poser un implant bionique augmentant ma mémoire artificiellement, de constater que l’opération était impossible. Cependant, cela révéla un autre de mes talents et intérêts pour la manipulation des technologies…et aussi ma capacité à les rendre inutilisables.

Toutes ces irrégularités m’amenèrent à développer une conception bien particulière de comment réaliser un travail. Mes méthodes sont souvent saugrenues et peu conventionnelles, ce qui m’attire les foudres de mes supérieurs qui refusent de reconnaitre leur efficacité évidente face aux façons de faire traditionnelles et prévisibles. Déroger des limites établies les rend aussi inconfortables que ma simple présence. De toute façon, j’encaisse les sévères remontrances et punitions pour mes incartades comme des épreuves supplémentaires, des tests. En fait, cela m’a donné un certain détachement des règles…Seuls les résultats comptent au final, et bien que l’autorité doive être respectée, certains détours sont parfois nécessaires...

C’est à ce point dans mon parcours que j’ai commencé à sentir comme un regard toujours posé sur moi, j’ai développé l’impression que m’observait sans cesse…Mais c’est impossible, personne ne s’attarderait à un être aussi insignifiant que moi, personne ne voudrait de contact avec moi, n’est-ce pas? C’est la fatalité de ma nature. Jamais l’on avait reconnu mes mérites avant. Pourtant, cette sensation persistait. Avais-je vraiment attiré l’attention de quelqu’un avec ma façon de faire?

Sans trop me faire d’espoir, j’en fis tout de même ma motivation. C’était mieux que rien. Si quelqu’un s’intéressait à mon cas, eh bien il ne serait pas déçu. Je n’avais qu’à prouver ma valeur à tout prix. C’était un bon début. Mes mentors virent mes efforts déjà exagérés redoubler d’ardeur. Je me démarquais encore davantage dans chacune de mes tâches, faisait preuve d’une efficacité surprenante. Je devins plus rapide, plus cultivée, plus diversifiée dans mes talents. Je tâchais d’encaisser le moins de dommage possible lors d’affrontements armés. Au final, je n’ai encore jamais perdu de membre, ce que peu de mes compagnons peuvent dire. C’est dans cette même période d’acharnement qu’on observa que je ne connaissais pas la pitié. N’ayant pas connu de compassion de quiconque, et ayant appris à surmonter par moi-même les obstacles, je ne me sentais pratiquement pas concernée par la souffrance des autres. Ainsi, je m’orientai naturellement vers la torture, non par sadisme, mais par indifférence et insensibilité. Comme dans tout ce que j’entreprenait, j’y excellais. Mon perfectionnisme me fit découvrir les techniques les plus subtiles et les plus fines, auxquelles personne ne résistait bien longtemps. Mais je ne m’arrêterai pas là. Je suis avide, j’ai la soif d’apprendre toujours plus.

Aujourd’hui, je sens toujours ce regard sur moi, je sais qu’on juge mes performances, mais je tiens bon et je livre. Je ne vis pour rien ni personne d’autre que mes missions qui se multiplient et se complexifient. Je n’ai rien à faire de la gloire personnelle ou la célébrité, je vise l’efficacité. Je ne reculerai devant rien pour servir l’Empire et porter son autorité. Aucun défi ne me fera plier. Je suis immuable, intouchable, et ma volonté ne flanchera jamais.