Partie 2
Ayant déjà prouvé mon habileté à mettre fin à la vie d'autrui, l'inquisition ne fut pas bien longue à déterminer quel serait mon affectation. Je fus initié aux techniques de camouflage, d'infiltration et par-dessus tout, aux techniques d'assasinat. Bien rapidement, je commencai à faire quelques missions pour l'inquisiteur. Bien entendu, je ne recevais pas mes ordres directement de ce dernier. J'appliquais avec dévotion les tâches qu'on m'indiquait. Et je réussisais bien. J'étais capable en moins d'une semaine, laissé seul dans une planète inconnue, de trouver ma cible, la tuer, mettre en scène la mort désirée par mes supérieurs et repartir. Bien entendu, ce n'était rien à comparé à ce que les membres de l'officio assasinorum peuvent accomplir. Mais pour une recrue de l'inquisition, j'étais assez fier de moi.
Rapidement, je me fis un nom. Ou plutôt, une absence de. Ma marque de commerce était de ne laisser aucune trace de mon passage lors de mes missions solo. Aucun indice ne restait sur les lieux du crime, aucun témoin n'était capable de retracer mes actes, mon nom ou même mon visage. Grâce à cela, au sein de mon ordos, j'acquis le surnom de ''l'ombre''. Je n'étais pas particulièrement apprécié. Les assasins ont cette fâcheuse habitude d'attirer la méfiance plus que l'affection. Mais l'on me respectait. Et c'était tout ce qui m'importait. Cela et les objectifs de mes missions. C'est dans ces temps que je l'ai rencontrée, elle.
Elle s'appelait Laetia Cromwell. Elle venait tout juste d'arriver sur le vaisseau en tant qu'adepte novice. C'est son sourire qui m'a surpris en premier. Dans le vaisseau et lors de mes missions, je ne voyais que des visages mornes et désillusionés. Des visages froids et distants dû aux adieux qui avaient été trop présents ainsi que les horreurs que l'on finissait inévitablement par voir en travaillant pour l'inquisition. Elle, au contraire de tous les autres, semblait rayonner. Et c'est ce qui m'a attiré vers elle au début, je crois. Quelques jours après que je l'aie appercue pour la première fois dans le vaisseau, j'avais décidé de prendre mon courage à deux mains et d'aller lui parler. Je me souviens d'avoir trouvé la situation ironique. Comment assasiner en plein jour un haut-gradé de la garde impériale ne m'effrayait pas. Mais le simple fait de lui adresser la parole me glacait de frayeur.
Toujours est-il que je l'ai fait. Je m'en souviens comme si c'était hier. Elle était en train de faire l'inventaire d'un nouvel arrivage dans le cargo numéro 8. Je me suis approché essayant d'avoir l'air assuré. Tout allait bien jusqu'au moment où elle a croisé mon regard. À cet exact instant, je n'ai pas vu le serviteur méchanique qui transportait une boite trois fois ma taille et je me le suis prise en plein visage, me retrouvant par terre. Elle s'est précipitée pour voir si j'allais bien. Il est étonnant que je me souvienne avec tant de vivacité de ces événements car j'ai effectivement eu une commotion cérébrale mineure. Mais tous les moments que j'ai passés avec elle semblent gravés dans mon esprit. Elle m'a accompagné jusqu'à l'infirmerie, et est restée avec moi jusqu'à ce qu'un infirmier vienne s'occuper de moi. J'ai eu la présence d'esprit de lui demander un rendez-vous avant qu'elle parte. Elle m'a souri, a acquiescé avec un mouvement de tête timide à l'heure et l'endroit que je lui avais suggéré et était partie.
C'est ainsi que nous avons commencé à nous fréquenter elle et moi. Elle n'était que lumière et moi, je n'étais qu'ombres. D'un certain côté, nous nous complétions... Elle remplissait ce vide en moi ave son innocence, et chaque jour passé près d'elle, je me sentais plus fort. Jamais elle ne m'a appelé ''ombre'' mais toujours Liam. Et pour cela, je l'aimais. Je ne me suis jamais fatigué de la voir, de lui parler, de l'entendre rire... Aujourd'hui encore, mon dernier regret est de ne pas pouvoir lui avoir dit au revoir...